Un vin vivant pour une dégustation vivante

En parfaite adéquation avec la philosophie qui est la nôtre, la notion de vin “nature” prend une place de plus en importante tant dans les pratiques des vignerons que dans les choix des consommateurs.

Pour les vignerons, la notion de “nature” relève de l’idée que le vin n’est pas un simple “artefact” : il s’agit pour l’homme de nourriture ET de plaisir.

Cette notion résulte du choix d’une agriculture qui s’adapte aux écosystèmes, à l’opposé d’une industrie agro-alimentaire qui veut adapter les écosystèmes. Concrètement : une volonté de se démarquer de méthodes de viticulture et de vinification qui multiplient les interventions et les traitements à tous les stades du travail de la vigne et de l’élaboration du vin et viennent modifier – dénaturer, donc – la subtile et complexe biochimie des constituants du vin issus du terroir par des intrants et des produits chimiques de synthèse issus de l'industrie. À l’opposé de la conception industrielle qui préconise engrais chimiques, pesticides, levures et bactéries “sélectionnées”, sucre de chaptalisation, soufre, acidifiants et autres, il s’agit donc de respecter et magnifier cette matière vivante qu’est le vin.

Pour les consommateurs, le vin “nature” est une quête du goût, bien sûr, mais en s'affranchissant des stéréotypes figés des vins conventionnels pour s'ouvrir à la diversité mouvante des expressions – singularité du terroir, spécificité du millésime, “signature” du vigneron –, et s'offrir de nouvelles sensations au gré des découvertes, voire des surprises. Et avec des vins digestes, sans se faire de mal, ni à l'estomac ni à la tête, et sans nuire à la biodiversité ! Dès lors, déguster un vin “nature” c'est comprendre ses exigences et sa personnalité propres pour optimiser son plaisir. Une approche qui demande d'appréhender, par exemple, la note de “réduction” induite par la volonté du vigneron d'éviter l'oxydation sans recourir au soufre, et donc demande d'aérer le vin dans le verre pour développer ses subtilités. Ou bien de se laisser porter par le profil “tannique” singulier d'un blanc de macération (vin “orange”, vinifié comme un rouge) pour en apprécier l'intensité et la profondeur. Ou encore de vibrer à la complexité aromatique et au soyeux d'un beaujolais dépourvu du trop habituel et banal goût de banane ou de fraise tagada… Ou d'être exalté par la riche palette florale et la liberté de ton d'un rosé qui n'est pas rose pâle… 

En bref, la quête de vins “nature”, c'est celle de produits vivants bons pour le goût, pour le corps et pour l'esprit !