Vin “nature”, le choix du vivant

Si le vignoble français, bientôt suivi par les principaux vignobles du monde, s'est organisé au cours des premières décennies du XXe siècle en “appellations d'origine contrôlée”, c'était pour affirmer la prééminence du terroir de chaque région viticole dans le caractère des vins. Le terroir, c'est-à-dire l'ensemble de ce qui fait la spécificité du lieu : singularités du sol et du sous-sol, données climatiques, histoire de l'implantation locale des cépages, pratiques et traditions des hommes qui font vivre leur vignoble siècle après siècle.

L'exigence de rigueur et d'authenticité qui a présidé à la définition des appellations d'origine a finalement rencontré ses limites à partir des années 60-70 : les impératifs du productivisme, avec de nouveaux critères performants de sélection des cépages, avec les innovations de l'industrie des produits phytosanitaires et avec le secours de l'œnologie triomphante – apport de levures “sélectionnées” et de nombreux intrants –, ont fini par vider d'une partie de son sens le contenu des appellations. Vie des sols affaiblie voire détruite, biodiversité compromise, authenticité des vins mise à mal, standardisation de produits dont la principale qualité se résume à l'absence de défauts techniques : le besoin d'un retour à une viticulture saine a commencé à s'imposer dès les années 80-90. Une viticulture démarquée des pratiques qui multiplient les traitements et les interventions à tous les stades du travail de la vigne et de l’élaboration du vin et viennent modifier – dénaturer, donc – la subtile et complexe biochimie des constituants du vin issus du terroir. Avec les acquis de la culture biologique/biodynamique et avec le refus radical de toute concession s'est ainsi forgé l'idéal d'un vin “nature” qui respecte et magnifie cette matière vivante qu’est le vin.

En s'éloignant des standards établis et de “l'assurance tous risques” de la production industrialisée – selon l'expression de Pierre Overnoy –, les vins “nature” ont certes pris des risques : éventualité de ratages en millésime difficile, mise à l'écart de gré ou de force d'un certain nombre de labels d'AOC/AOP, coût souvent plus élevé que les vins conventionnels. Mais ils offrent au consommateur une nouvelle approche de la quête du goût, des produits sains et vivants ouverts à la diversité mouvante des expressions : singularité du terroir et de ses cépages, spécificité du millésime, “signature” de la personnalité du vigneron, autant de vertus que nous défendons avec ferveur dans la sélection des vins de la Cave du Clown.